20 Juil Quand gastronomie et art s’invitent au Bazart : ma critique
Niché dans le spacieux et très polyvalent New City Gas, entouré de cônes orange dans le seul et unique quartier Griffintown, le Bazart est un incroyable projet conçu et chapeauté par une brochette plutôt impressionnante de professionnels de différentes niches. Si une collaboration est née entre le propriétaire du New City Gas et les autres parties – notamment l’agence québécoise Spkeasy, 0x Society, Galerie S16, Nectar & Co et les chefs —, c’est dans le désir d’offrir une expérience unique et rien de moins que le meilleur de la ville à un plus grand public possible. Vous commencez à comprendre : après votre soirée au Bazart, vous aurez assisté à deux expositions artistiques, reluqué les œuvres locales au marché artisanal, mais surtout, profité d’une expérience gastronomique qui lors de mon passage n’était pas parfaite, mais qui risque de l’être lors du vôtre. Du moins le frôler, je l’espère.
Bazart Montréal
Mis à part la galerie à ciel ouvert S16, de l’extérieur, Bazart cache bien ses cartes. C’est en traversant le petit passage rocailleux que l’on prend conscience de l’ampleur de la chose ; et je vous le dis, la carte de l’oasis urbaine est très bien jouée — et nous fait rapidement oublier les constructions de Griffintown. On prend place dans la section lounge, on commande un cocktail dont la carte a été pensée et créée par le renommé mixologue Lawrence Picard, puis une visite à la première galerie NFT au pays — avec un passage au marché artisanal s’impose.
Certes, le cadre est plus qu’attrayant, mais ce qui m’a le plus impressionné (et vous me voyez venir), c’est la brigade en cuisine. L’équipe du Bazart a véritablement rassemblé une très solide brigade de chefs composée de Massimo Piedimonte (Mousso, Cabaret l’enfer), d’Athiraj Pharsavath (Farside, Thip Thip) et de Guillaume Daly (Soubois), un sommelier d’expérience Maxime Laliberté (Maison Boulud), ainsi qu’un trio de directeurs : Joao Perreira (Soubois), Simon Schmidt (Maison Boulud) et Amir Yayon (New City Gas).
Terminé les présentations : si l’équipe semble du tonnerre sur papier, allons voir si le tout résonne aussi bien lors de l’expérience client en salle et dans l’assiette. À noter que j’ai vécu l’expérience quelques jours avant l’ouverture officielle, sur invitation.
L’équipe a bien pris soin de moi, j’en suis conscient. C’était donc pour moi l’argument parfait pour exhiber l’intégralité de mon sens critique — et de l’élever au même niveau que mes attentes (et mon appétit) !
Une cuisine méditerranéenne
D’entrée de jeu, si votre intention est de profiter au maximum du talent en cuisine (ce que je vous conseille) en optant pour quatre ou cinq mezzés avec le pain maison, suivis d’une protéine ou deux si vous êtes plus que deux personnes, attendez-vous à débourser une centaine de dollars par personne. Vous m’entendez ici, ce n’est pas le genre d’expérience que l’on s’offre chaque semaine, mais je crois définitivement que c’est à faire au moins une fois pendant l’été.
Si j’ai signalé plus tôt que mon expérience n’était pas parfaite, je ne faisais pas référence aux trempettes méditerranéennes, ainsi qu’au sublime service de pain absolument essentiel pour profiter de l’ensemble de l’œuvre si bien exécuté. De la caponata d’aubergines grillées à la texture à la fois lisse et juste assez consistante jusqu’au gourmand labneh enseveli de fines lanières de courgettes grillées et de raisins déshydratés, du mouhammara au goût franc jusqu’au tahini d’amandes dont le mélange de petits pois crus, blanchis et grillés assure l’envie d’y replonger un morceau de pita bien grillé, j’ai réellement eu un malin plaisir à les déguster, jusqu’à en nettoyer l’assiette… Avec le pain, bien entendu ! Justement, trois variétés de pain au levain sont offertes : un pain plat saupoudré de mélange d’épices zaatar, un pita bien dodu et fluffy grillé à la minute, ainsi qu’un lavash tout mince et craquant.
Du côté de la mer, on nous a servi la très généreuse portion de pieuvre (80$) déposée sur une fregola sarda à la piperade et chorizo. J’ai d’ailleurs (malheureusement) eu davantage de plaisir à déguster cette spécialité de la Sardaigne qui était parfaitement al dente et assaisonnée, contrairement à la pieuvre caoutchouteuse et trop salée. Ma convive et moi avons rapidement mis de côté cette première bévue sitôt que nous avons attaqué le Bar rayé servi entier. Une cuisson majoritairement sur peau la laisse bien noircie et craquante comme j’aime, tout en cachant une chaire incroyablement juteuse et très bien assaisonnée. La sauce vierge, servie en accompagnement, est loin d’être superflue. Sa simplicité et sa parfaite exécution ne dénaturent pas du tout le poisson, bien au contraire ; elle ne fait que rehausser la vedette de l’assiette.
Le côté terre du menu est représenté par un carré d’agneau du Québec, ainsi qu’une entrecôte de bœuf d’exception de l’Ile du Prince Édouard. Cette dernière, simplement grillée sur feu est servi avec une salsa verde, pour moi pas nécessaire du tout, tellement chaque tranche de bœuf perlée de son jus était sublime. Le carré d’agneau, servi sur une purée safranée agrémentée d’amandes et d’huile de thym, brillait à son tour d’une cuisson juste, mais fâcheusement salée à en boire un verre d’eau entier après la dégustation.
Après une finale sucrée sommes toutes honnête et satisfaisante, on termine l’expérience avec une petite marche digestion vers la galerie à ciel ouvert S16.
On le sait déjà, vivre une chaude soirée d’été à Montréal n’est rien d’ordinaire ; pourquoi ne pas la rendre extraordinaire avec une soirée au Bazart ?
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